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Histoire & Palmarès

L'HISTOIRE DU CA

Survol de l’Histoire du Club Africain

Survoler toute l’histoire du Club Africain en quelques mots est un exercice non seulement périlleux mais quelque part arbitraire. Entre l’histoire enfouie et le contexte immédiat, le pontage n’est pas aisé tant l’itinéraire est pavé de défis, de conquêtes, de symboles et de représentations. En outre, entre l’engagement d’objectivité que les lecteurs présument et le résiduel subjectif dont le texte est, par moments, imprégné, il y a un équilibre à établir, qui soit fiable et crédible. Une lecture de l’histoire du Club Africain à la fois passionnée et critique est un défi que nous tentons de relever. Il appartient aux lecteurs d’en juger !  

La naissance du Club Africain, comme toute grande œuvre humaine marquant histoire, était l’aboutissement d’un processus d’accouchement douloureux. Fruit de l’investissement et du sacrifice de quelques hommes de conviction et de vision dont l’orgueil n’avait d’égale que l’acharnement, le club est né dans l’adversité, au terme d’une longue épreuve de force. « Depuis sa naissance, le Club africain a toujours évolué dans l’adversité, sans trahir son identité ni sa mémoire ». Venant de la bouche d’une grande figure clubiste, en l’occurrence Monsieur Azzouz Lasram, cette affirmation prend toute sa signification et résume, en deux mots, la trajectoire du club.

I- INTRODUCTION HISTORIQUE

Pour restituer le cadre de création du club, convient-il d’intégrer la dimension histoire et ainsi placer la naissance du club dans son contexte historique. Nombre d’évènements d’ordre politique et sportif, au niveau aussi bien national qu’international, ont concouru directement ou indirectement à l’émergence d’une volonté nationale revendicative, et par ricochet, à la focalisation des tunisiens musulmans sur la nécessité de se doter d’une association sportive représentative. Il est à signaler que, durant cette période, les Français, les Italiens, les Maltais et les juifs disposaient de leur propre club, sauf les tunisiens musulmans.

Les principaux évènements sus-visés, qui avaient agi en interaction et en corrélation, et dont les Tunisiens avaient bien su mettre à profit les retombées, pourraient être résumés comme suit :

- En 1917, le contexte mondial fut ébranlé par trois évènements majeurs, dont les répercussions eurent affecté directement l’environnement socio-politique tunisien et contribué à dégager des perspectives jusqu’ici bouchées :

- La première guerre mondiale 1914-1918 : Cette période de guerre avait entraîné de grandes mutations politiques, économiques, sociales ainsi que sportive dans l’ordre tunisien.

- Les quatorze Points du Président américain Wilson dont le message avait entrouvert la porte aux principes d’auto-détermination et d’indépendance pour les pays soumis au joug colonialiste.

- La Déclaration Belfour de 1917, laquelle Déclaration attisa l’hostilité entre les communautés musulmane, chrétienne et juive.

- Développement d’une conscience politique nationale et d’une plate-forme idéologique de lutte, certes embryonnaire mais de plus en plus manifeste. Ce ne fut pas fortuit que l’année 1920 enregistra la constitution du premier mouvement politique tunisien musulman, à savoir le parti libéral constitutionnel (Hezb horr destouri).

- Un match houleux, joué a priori en 1918, opposant le Stade Africain (composé de tunisiens musulmans, entre autres joueurs) et le Club tunisois (composé essentiellement de juifs) avait tourné à l’émeute et avait donné lieu à des représailles entre musulmans et juifs tunisiens. Ces deux associations furent dissoutes.

En trois ans, le paysage politique, social et culturel de la Tunisie avait été transformé. A certain niveau d’abstraction, la Tunisie d’aujourd’hui est le prolongement naturel de cette période.  Dans ce contexte manichéen où la dualité, entre l’emprise coloniale et la poussée nationaliste, avait traversé la paysage tunisien, et plus particulièrement la vieille ville de Tunis, le centre d’impulsion et le cœur de la Tunisie musulmane de l’époque, les élèves de la Zitouna, de la Khaldounia,  et de la Sadiki ont joué un rôle prépondérant dans aussi bien la formation et la cimentation de la conscience nationale que dans la valorisation de l’alternative sportive et culturelle comme moyen de lutte.

Durant cette période, Tunis, et essentiellement la Médina, avait une unité en termes de territoire et d’identité, ce n’est que plus tard, à la suite de la création notamment du Club Africain que la vieille ville de Tunis fut divisé sur le plan territoire/identité, Le quartier de Bab- Djedid ayant été le premier, et longtemps avant d’autres, à forger sa propre identité autour d’un club, en l’occurrence le Club Africain.

II- CREATION DU CLUB AFRICAIN

Le Club Africain fut certes officiellement autorisé à exercer le 04 Octobre 1920, mais son itinéraire n’avait pas débuté à cette date. Le Club Africain, comme l’affirmaient certains de ses pères fondateurs, est le prolongement naturel du Stade Africain, association fondée en 1915 et dissoute en 1918, dont il a conservé les couleurs, l’esprit et le nom ainsi qu’un noyau de joueurs, particulièrement Mohamed Soudani . Il était d’ailleurs le président de la réunion constitutive du club, à savoir, la première Assemblée Générale, tenue dans un café, sis à Bab-Djedid et appartenant à une famille désormais clubiste. Il est à signaler que le premier siège social du club fut le "Makhzen Essouf" (Dépôt de laine), situé dans le quartier de "El Morkadh" (Place des chevaux). 

Mohamed Soudani et Jameleddine Bousnina furent les deux véritables chevilles ouvrières du processus de création du club. Les pères fondateurs sont les suivants :

- Salah Soudani
- Jameleddine Bousnina
- Béchir Ben Mustapha
- Mahmoud Mallouche
- Chedly Louerghi
- Abdelmajid Chahed
- Hassen Nouisri
- Mohamed Badr
- Mohamed Abdelaziz Agrebi
- Abderrazek Karabaka
- Manoubi Haouari
- Fradj Abdelwahed
- Mohamed Ayad
- Ahmed Dhahak
- Mohamed Ezzeddine
- Arbi Negli
- Ahmed Zeglaoui
- Ahmed Mestaoui
- Abdelwahab Bouallegue
- Mohamed Machouche (Le père de Abdejabbar)
- Ahmed Ben Miled
- Béchir Ben Amor, (Le premier gardien de but du club)
- Abderrahmen Kalfat

En effet, dés sa présentation, la demande d’autorisation avait fait l’objet d’un chantage puisque l’agrément avait été soumis à trois conditions :

1- La nomination à la tête du CA d’un président de nationalité française.
2- Le changement des couleurs choisies, à savoir le rouge et le blanc.
3- Le renoncement à l’emblème national « le croissant et l’étoile ».

Il s’agissait de forcer les clubistes à se démarquer de toute référence avec le drapeau national et à s’aliéner tout son socle identitaire. Les termes de ce compromis avaient   été catégoriquement refusés. Finalement, l’acharnement avait contraint les autorités de l’époque à céder et à accorder au Club Africain une concession historique sur les deux premiers points, à savoir, la nationalité tunisienne du président et les couleurs Rouge et Blanche.

Les pères fondateurs du Club Africain furent beaucoup plus intransigeants et obtinrent finalement gain de cause et imposèrent un Bureau Directeur entièrement tunisien, présidé par Béchir Ben Mustapha, une première dans l’histoire sportive tunisienne et un précédent sur lequel d’autres équipes ont construit leur création, comme l’ESS ( Ahmed Zeglaoui, un des pères fondateurs du Club Africain fut , entre autres, à l’origine de la création de l’ESS ) et  le Club de Tunisie ( actuellement le CSS)

Concernant l’emblème national « le croissant et l’étoile », l’entêtement et l’obstination des clubistes avaient fini par payer mais ultérieurement. En effet, la volonté de disposer de ce symbole n’a jamais été démentie, les clubistes étaient revenus à la charge avec une telle opiniâtreté qu’ils avaient fini par obtenir gain de cause vers le milieu des années quarante. Quelque temps après, et comme un clin d’œil de l’histoire, le CA arracha son premier titre de championnat. 

La première Assemblée Générale du CA avait  été tenue dans un café à Bab-Jedid , au terme de laquelle un Bureau a été constitué, composé exclusivement  de tunisiens et présidé par Monsieur Bechir Ben Mustapha. L’appellation "Club Africain" fut proposée par Abdelmajid Chahed, immédiatement entérinée par tout le groupe.

Le premier Comité Directeur du Club Africain était composé comme suit :

Le Président : Béchir Ben Mustapha
Le Vice Président : Jameleddine Bousnina
Le Secrétaire Général : Chedly Louerghi
Le Secrétaire Adjoint : Abdelmajid Chahed
Le Trésorier : Hassen Nouisri

Dans la foulée, une Commission Sportive avait été mise sur pied. Elle était composée de :

Mahmoud Mallouche (Capitaine d'Equipe)
Ahmed Zaglaoui
Fradj Abdelwahed
Hamed Dahak
Ezzeddine Bel Haj (Capitaine de la deuxième  équipe )
Délégué du Comité Directeur : Jameleddine Bousnina.

< suit comme compose se clubiste maillot le mouillé ayant équipe première>

- Gardien : Manoubi Haouari
- Arrières : Jameleddine Bousnina, Mohamed Machouche, Mahmoud Mallouche ( Capitaine)
- Milieu : Hassene Kaddour, Hassen Nouisri,
- Ailiers : Ahmed Mestaoui, Mohamed Ayad
- Attaquants : Abderrahmen Kalfat, Arbi Ben Yamina, Ahmed Zeglaoui, Ahmed Dhahak

Ce fut non seulement la première victoire du Club Africain, mais notamment un des premiers sursauts de la Tunisie profonde.

Une légende est née.

Rien que l’appellation « Club Africain » constitue déjà tout un programme, ceci dénote une certaine conscience politique et atteste que dans l’esprit des fondateurs du CA, la démarche associative était un moyen de résistance et de mobilisation contre l’occupation coloniale. Le fait de conférer une dimension africaine à un projet associatif d’ordre national, sous un système colonialiste qui sévissait partout en Afrique, ne pourrait être fortuit ni dénué de fondements.

Dans le même registre, l’adjonction du terme « africain » au nom d’une association tunisienne, qui plus était régie alors par le droit français,   était un choix conforme à l’histoire et chargé de significations. En effet, la Tunisie, qui s’appelait naguère Ifriqiya, a donné son nom à tout un continent, en l’occurrence l’Afrique.

Par conséquent, s’appeler « Club Africain » au début du 20eme siècle avait valeur de symbole et s’apparentait beaucoup plus à un cri de ralliement et à un appel de l’histoire. Il y a quelque chose de fédérateur et de solidaire dans ce nom.

Le choix des couleurs du CA, à savoir le Rouge et le Blanc, n’était pas non plus intempestif ou aléatoire. Au contraire, il procédait de la même vision, s’appuyait sur les mêmes convictions. Le club était un vecteur identificatoire et un support à la cause nationale. Le fait d’adopter et d’imposer, malgré le diktat colonial, les couleurs du drapeau tunisien n’est-il pas révélateur d’une conscience nationale et d’un esprit de résistance !?

Depuis sa naissance, le CA s’était identifié à la cause nationale, ses fondateurs lui avaient conféré des dimensions idéologiques et humaines et ses partisans ont enraciné cet esprit de génération en génération.

Dans le même ordre d’idées, peut-on omettre de citer parmi les fondateurs du CA, le Docteur  Ahmed Ben Miled, appelé « médecin du peuple », compagnon du grand Mohamed Ali Hammi, fondateur de la première centrale syndicale tunisienne. Jameleddine Bousnina, fut un grand écrivain et le premier journaliste sportif tunisien de langue arabe.

Sur un autre plan, la dimension culturelle et identitaire était également présente dans l’esprit des fondateurs du CA dont une bonne partie était des hommes de lettre et d’art ayant marqué le patrimoine culturel tunisien. A ses débuts, le CA articulait ses activités sur trois axes, à savoir, le sport, la musique et le théâtre. Les premières cartes d’adhérent en constituent une preuve irréfutable.

Dans ce cadre, citons trois exemples :

1-Après l’implantation et la consolidation du CA , nombre de pères spirituels  du CA, notamment Ahmed Dhahak, Jameleddine Bousnina et Belhassen Ben Chedly, ont contribué à la mise en place , en 1934-35, de la Rachidia, grand temple du patrimoine  musical  tunisien.

2- Au cours des années trente le club disposait déjà de sa propre troupe théâtrale. Dans les années cinquante, le CA était derrière la  présentation de certaines  pièces de théâtre , écrites, entre autres,  par Ahmed Khairiddine, grand monsieur du théâtre tunisien et clubiste des premières heures.

3- Mohamed Abdelaziz Agrebi et Abderrazek Karabaka, grandes figures artistiques tunisiennes, ont été parmi les premiers pionniers clubistes. La grande cantatrice tunisienne Chefia Rochdi finançait certaines activités du club.

Il est donc clair que, parallèlement au rectangle vert, le CA a bataillé dans d’autres terrains, et non des moindres, et a conquis des trophées autres que sportifs, et a puisé dans le creuset national et dans le patrimoine populaire pour naître, mûrir et grandir.

Les clubistes sont donc les héritiers naturels de tout un ensemble de valeurs, et consciemment ou inconsciemment, ils restituent ceci dans leurs relations avec leur club avec lequel ils s’identifient.

Les institutions ne valent que par la grandeur de leur histoire, par la signification de leur démarche, par les représentations qu’elles incarnent et par le pouvoir d’identification et de mobilisation qu’elles détiennent, et ce au delà de toutes considérations sociales, culturelles ou régionales !


De Bechir Ben Mustapha à Chérif Bellamine, en passant par Mustapha Sfar, Moncef Okbi, Dr Salah Aouij, Azzouz Lasram, Fethi Zouhir, Ridha Azzabi, Ferid Mokhtar, Ferid Abbes et  Hamadi Bousbii, à la fois pères spirituels  et enfants prodigues, que de défis relevés, d’épreuves subies et de conquêtes arrachées aux sueurs et aux larmes. Le peuple clubiste a puisé, et puise toujours, dans sa culture et ses valeurs, cette force et cet orgueil de rebondir et de se surpasser. Parallèlement à ce poids de l’histoire, Le CA a toujours été une grande famille, certes un peu introvertie parce que soucieuse de son patrimoine affectif et référentiel,   mais protégée par les gardiens du temple, lesquels, par une espèce de code de conduite implicite et non écrit, ont forgé et perpétué les vraies valeurs clubistes.

III- ITINERAIRE  DU CLUB AFRICAIN

En résumé, et sans trop schématiser, on pourrait identifier trois principales phases dans l’itinéraire du CA, chacune étant régie par une logique propre, animée par des motivations contextuelles et confrontée à des contraintes spécifiques. Ce triptyque est forcément arbitraire, d’autres pourraient être envisagés :

A- Période 1920-1960 :

En dépit d’une genèse difficile et d’une évolution heurtée, Le CA a pu maintenir le cap sans déroger aux principes de départ ni se dérober à son rôle national. L’aspect sportif fût le levier pour mobiliser et encadrer la jeunesse tunisienne dans une perspective anti-colonialiste, certes non frontale mais néanmoins militante. Donc, ni la démarche ni l’objectif n’obéissaient à des mobiles exclusivement sportifs. Le profil des fondateurs du CA, la dimension politique et identitaire de leur projet en témoignent.

Il est à signaler que le football était durant cette période la principale activité sportive du CA, il y avait certes le base-ball, mais cette section n’avait pas fait long feu. Les autres disciplines, comme le handball, volley-ball, basket-ball, ont été instaurées après l’indépendance.

 

Le CA en 1934-35

Au cours de cette période, et malgré la modestie des moyens et les contraintes de l’environnement ambiant, le club a poursuit son développement et a enregistré nombre d’acquis :

- Accession à la première division en 1937. Depuis, le Club Africain n’a jamais connu les étages inférieurs. 

- Premier titre de champion à la saison 1947-1948. Le fait que le club ait trusté le titre de championnat des saisons 1947-1948 et 1948-1949 montre bien que le club avait bien géré l’après–guerre ( deuxième guerre mondiale) et était suffisamment fort et compact pour avancer sur des bases solides. 

- Contribution du club à l’enracinement de la culture tunisienne, la création de la Rachidia et la contribution à la formation d’un théâtre tunisien, en sont les témoignages les plus incontestables. Il n’est pas inopportun de rappeler que le club disposait de sa propre troupe théâtrale depuis les années trente.

- Le CA est le premier club tunisien à organiser des manifestations culturelles et artistiques (concert musical, présentation de pièces de théâtre,…) et à accorder la gratuité d’entrée au stade à la gente féminine, et ce depuis les années trente.

- Le CA est le premier club tunisien à donner une identité à un quartier, à savoir Bab-Djedid, lieu de mémoire et d’appartenance. Cette alliance club/quartier a été dès le départ un vecteur d’identification, le premier levier, dans l’histoire moderne de la Tunisie, liant viscéralement un club à un faubourg. Le quartier de Bab-Djedid a constitué un espace de sociabilité et de mouvement des clubistes, notamment les pères fondateurs dont une bonne partie en était issue.   

Sur un autre plan, et durant la dite période, le club a résisté à certaines velléités de défiguration sinon d’enclavement pour se positionner comme club ayant sa propre identité. Citons particulièrement la tentative, vite avortée, de Habib Bourguiba de fusionner le Club Africain avec l’Espérance de Tunis en 1934, année où Bourguiba s’était démarqué du parti libéral constitutionnel ( Hezb  horr  destouri) et, en dissidence, avait crée le parti du néo-destour , le 2 Mars 1934 à Ksar Helal.

Cet épisode démontre que 14 années après sa création le club disposait déjà de sa propre identité et avait suffisamment de force pour refuser l’injonction de Bourguiba, le nouvel homme fort de la Tunisie de l’époque.


B- Période 1960-1990 :

Il s’agit de la période- épopée durant laquelle le CA, le vent en poupe, a récolté la majorité de ses trophées sur le plan aussi bien national que régional. Omnisports et omniprésent, le CA a marqué cette période de son empreinte et a redoré à maintes reprises le blason national. Le CA était un des meilleurs porte-drapeaux de la Tunisie, et la section féminine n’en était pas la moindre !

Durant cette période, deux présidents, entres autres,  ont marqué de leur empreinte l’évolution du club et ont stabilisé sur structures et ses fondements, à savoir, Azzouz Lasram et Ferid Mokhtar. Dans le domaine sportive, deux hommes ont également façonné une certaine culture de jeu bien clubiste. Des générations de joueurs sont restés jusqu’à aujourd’hui viscéralement imprégnés de "la philosophie de jeu" de Fabio Marchegianni et André Nagy.

Il est clair que le club s’appuyait, lors de cette période, sur le double plan administratif et sportif, sur un environnement de stabilité et sur des hommes de projet, lesquels inscrivaient leurs actions dans une vision stratégique.

Sur un autre plan, le club a mis en place une structure avant-gardiste, en l’occurrence "le comité des sages" que les autres associations n’ont pas manqué d’imiter. Ce comité agissait comme gardien du temple clubiste et apportait un concours financier régulier et prévisible.

Le CA puisait sa force et son identité de quatre sources, en pleine corrélation, dont voici les plus importantes :

- La formation a toujours été un des principaux piliers du temple clubiste et un des plus importants ciments de son identité, et il ne s’agit pas de la formation dans son acceptation sportive uniquement. De tout temps, le CA s’appuyait sur ses enfants, sur le terrain et en dehors du rectangle vert. Une grande école de formation de dirigeants, voilà le principal capital le pilier stratégique du club. Pratiquement, toutes les grandes figures clubistes ont porté le maillot rouge et blanc et ont transmis cette culture d’appartenance entre les générations et les époques. Est-ce par hasard que le CA n’a jamais été performant qu’avec ses propres enfants.

- Depuis sa création, le CA a toujours cultivé la notion de grande famille. Géré d’une manière pratiquement collégiale où le consensus était la règle et à laquelle le peuple clubiste adhérait bien et vite, le CA  formait des générations de dirigeants, dont l’investissement personnel s’inscrivait dans cet esprit et valorisait cette "marque déposée" typiquement clubiste.

- Depuis toujours, le peuple clubiste s’est identifié au club et l’a tellement porté au bout des bras qu’il marque bien sa présence dans les stades et en dehors. La grande identification des supporters au club traduit, du moins en partie, la vitalité de l’identité du club. A titre illustratif, durant toutes les années 80, le club n’a pas gagné de titre sans que cette "traversée du désert" n’ait donné lieu à de grandes crises car le ciment identitaire et liens de confiance et de loyauté entre la base et le sommet agissaient comme un puissant écran protecteur. Jamais "la rue" n’a fait acte de désolidarisation ni tenté d’imposer des décisions.  
  
- Bab-Djedid, lieu de naissance, creuset de la mémoire et fief attitré, était le centre de gravité de la mouvance clubiste. Jamais le quartier n’a autant festoyé que durant cette période.

Nul doute qu’aussi bien le discours officiel de l’époque, prônant   le volontariat et l’esprit olympique, que le contexte sportif tunisien, caractérisé par l’amateurisme et la notion d’appartenance à une couleur, ne sont certes pas étrangers à la réussite du CA, car ces facteurs entretenaient, dans une large mesure, la strate identitaire.


C- Période  1990- Nos jours :

Cette période a débuté avec la conquête historique du quadruplé, performance unique dans les annales du football tunisien, réalisée avec les enfants de cru, tous formés dans la moule clubiste. Cette prouesse sportive sans précédent a été, semble-t-il, mal digérée et notamment mal rentabilisée. L’euphorie ambiante, conjuguée à la mutation de l’environnement sportif tunisien, a fait glisser lentement le club en dehors de son champ de performance et de son terreau naturel vers des sentiers plus ou moins incompatibles avec ses forces motrices.

De par son histoire et son propre itinéraire, le CA est resté un club assez introverti, et de ce fait, pratiquement incapable d’amortir des mutations brusques. Les crises qu’il a connues sont essentiellement des crises d’identité, les échecs sportifs n’en sont que les manifestations. En effet, le CA ne pouvait et ne peut évoluer qu’en étant réconcilié avec soi-même et avec son environnement. Est-ce par hasard que les crises du CA ont coïncidé avec la transformation du paysage sportif tunisien et l’introduction forcée de ce professionnalisme à la tunisienne ! Compte tenu de sa rigidité et de son introversion, le CA est pratiquement le club qui a le plus souffert du bouleversement du contexte sportif et réglementaire tunisien ! 
 
Au cours de cette période, le CA a connu, séparément ou simultanément, nombre de crises dont l’acuité et l’incidence varient selon le contexte et le bilan. De nouvelles approches ont été développées et stigmatisées, de nouvelles contraintes et de nouvelles habitudes ont pris le pas. A un certain niveau d’abstraction et avec un certain recul, quatre types de crise, indissociables dans les causes mais distincts dans les effets, ont altéré l’évolution du CA :

Crise d’identité :

Il est à constater que, durant cette période, le club a évolué plus en moins en dehors des quatre vecteurs d’identités ci-dessus mentionnés :

- La dimension formation, l’épine dorsale et l’artère nourricière du club, a progressivement perdu son rang et sa culture, notamment lors des dix dernières années. Le recours de plus en plus systématique aux recrutements, souvent à fonds perdus, au mépris du bon sens sportif et au détriment des enfants de cru, le CA a récolté peu de titres par rapport à la période précédente ! C’est le paradoxe clubiste dans toutes ses expressions, symptomatique d’un tournant mal négocié dans la vie du club.

- La notion de grande famille a cédé le pas au sectarisme et à l’exclusion. Le conflit d’intérêts a succédé à la communauté de vues. Ces dissonances ont même atteint l’imposant "comité des sages", qui, de moins en moins capable d’agir comme une force de mobilisation et de stabilisation, a complètement implosé ces dernières années. 

- Entre le public et l’équipe dirigeante, un certain déphasage bruissait avant de se transformer en craquement puis en cassure. Le seuil de rupture a été pratiquement consommé ces dernières années. Les dernières années, certaines grandes décisions ont été prises pour "la rue" non réellement pour le club.

- En transférant, de facto, le siège social du club au Parc A, tout le quartier de Bab-Djedid a été relégué. Certes, l’association Club Africain-Bab-Djedid reste très présente et fortement enracinée dans la mémoire individuelle et collective, mais le transfert d’une partie de « l’âme du club » a traumatisé les puristes clubistes, percevant ceci comme une mutilation de l’identité et un outrage à la mémoire du club.

Crise de croissance :

Il est pratiquement admis que le CA a mal géré son évolution. Là aussi, on pourrait invoquer le paradoxe clubiste : Contrairement aux autres clubs, le CA serait peut-être le seul club qui a enregistré une diminution chronique de son budget, et ce malgré un volume d’activités sportives en nette décroissance !

En effet, durant cette période, le CA a dissout nombre de disciplines dont la plupart ont été des fleurons et ont gratifié le palmarès clubiste d’innombrables couronnes. Ainsi, le budget du club a régressé de volume et de rang.

Le club a cessé de s’appuyer sur des hommes de projet.


Crise sportive :

Ce n’est pas seulement une crise de résultats, mais également un déficit de stratégie. La formation n’est plus totalement le creuset, du moins cette dimension n’est plus érigée comme un axe stratégique. Encore un paradoxe : En délaissant la formation, le CA a gagné peu de titres et a dilapidé ses principaux repères.

En privilégiant le tactique au stratégique, le CA s’est trompé de combat et de cible. L’argumentaire développé sur la nécessité de spécialisation et les contraintes matérielles trahit un discours de justification non de conviction.

Crise de communication :

 Ces dernières années, l’image du CA est de plus en plus écornée, le message est mal prononcé et mal perçu. La passerelle entre le sommet et la base a progressivement cédé. L’incrimination et l’esprit de clan ont traversé le contexte du club, horizontalement et verticalement, et l’ont livré aux couperets médiatiques. 

Aux défaillances de communication se sont ajoutées des insuffisances de crédibilité, le discours étant paradoxal et le message largement brouillé. Ceci a peu à peu contribué à la défiguration de ce grand bastion du sport tunisien, club qui s’est enrichi longtemps de la différence, qui a longtemps vécu uni dans la diversité et dans l’adversité.

Il est certain que, comparativement aux autres grands clubs, le CA a le plus souffert de la mutation et de la transformation du paysage sportif tunisien, désormais soumis à l’obligation de résultat et à la logique de marché. L’introduction intempestive du professionnalisme dans un contexte sportif tunisien mal préparé matériellement et peu outillé juridiquement, a généré une fracture dans les rapports, car elle n’a pas fait suite ni à l’aboutissement d’une évolution naturelle ni le résultat d’une revendication largement partagée.
 
Ceci dit, pour le CA, ce n’est pas le professionnalisme à la tunisienne qui est en cause, puisque tous les clubs sont lotis à la même enseigne, mais ce manque de réaction  pour prévoir et anticiper et cette  attitude de s’attaquer aux effets non aux causes. A titre illustratif : en réduisant le budget et en larguant nombre de discipline, le CA n’a pas résolu le problème, il en a crée d’autres. Au lieu de recourir à ce choix drastique, il aurait été plus judicieux de revoir la stratégie, notamment au niveau des sources de financement et des choix sportifs.

I- CONCLUSION

Pour retrouver ses marques, le CA n’a besoin ni d’un mécènes ni d’un parrain, le peuple clubiste a toujours résisté à ce type de glissement et refusé d’offrir le club à un chef de tribu. Et ceci constitue déjà une grande victoire. Parallèlement à la priorité de mettre en place une véritable stratégie inscrite dans une perspective d’avenir, le retour aux sources reste le seul mot d’ordre !

Et les sources du club sont intarissables !  Le renouveau est en lui !

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